Travail d’auteur

À l’époque où tout ne se promeut que sur les réseaux sociaux, où la visibilité d’une publication dépend d’un étrange algorithme et sans doute d’un peu de chance, à l’époque où l’on passe plus de temps sur du futile que sur ce qui importe vraiment, je me demande souvent si les gens se rendent compte de ce qu’un artiste accomplit sur une œuvre avant de pouvoir la partager.
Par exemple, écrire un roman ne s’improvise pas, ne se fait pas en un claquement de doigts. Bien sûr, l’idée initiale arrive inopinément, mais le reste, depuis cette fameuse idée jusqu’à la sortie du livre, est le fruit d’un travail acharné durant des jours, des semaines, des mois… parfois des années.
Écrire un roman, c’est construire tout un univers, inventer et étoffer des personnages ; c’est penser et poser chaque mot, chaque phrase ; c’est imaginer sans cesse, se lancer, effacer, recommencer et parfois même renoncer…
Écrire un roman, c’est se perdre, se retrouver et ne pas savoir ce que l’on a préféré ; c’est jouer contre le temps et en oublier le cours ; c’est redouter la fin autant que le début, c’est ne jamais cesser de se réinventer…
Mais écrire un roman, c’est aussi se battre avec les règles les plus obscures de la langue française ; c’est devoir se rappeler que nos personnages n’existent pas dans la réalité ; c’est tenter d’entraîner les autres dans une sorte de délire qu’ils ne pourront jamais comprendre entièrement, c’est noter des phrases à deux heures du matin pour ne pas les oublier ; c’est vivre par procuration toutes les choses qu’on ne peut pas faire ; c’est abîmer ses yeux, ses doigts, ses mains, son dos sur un cahier, un clavier et devant un écran sans vouloir s’arrêter pour autant…
Parce qu’écrire un roman, c’est écrire, penser, rêver, planifier, relire, écrire, lister, rayer, entourer, raturer, réécrire, relire, râler, rire, pleurer, hurler, relire encore, réécrire encore, corriger, relire, réécrire, relire encore et encore, travailler, travailler, travailler !
Et pour les auteurs qui comme moi ont choisi l’autoédition, c’est aussi faire la mise en page, s’énerver, vérifier, tout planter, râler et hurler à nouveau, respirer, recommencer, revérifier, travailler…
C’est faire la promotion sur son site et sur les fameux réseaux sociaux, en espérant ne rien oublier, en espérant être vu, en espérant contenter les lecteurs, et tout ça avec un travail et une vie de famille à côté…
Je mentirais si je disais que c’est facile.
Je mentirais si je disais que j’ai assez de temps pour tout faire et que je ne suis pas fatiguée.
Je mentirais aussi si je disais qu’il ne m’arrive pas d’être triste et déçue quand je réalise, après ces jours, ces semaines, ces mois et ces années de travail, que le succès n’est pas celui que j’attendais…
Une chose est sûre, pourtant : même le manque de visibilité sur les réseaux sociaux ou un succès en demi-teinte ne m’empêcheront jamais d’écrire.
À présent que tout ne repose (presque) que sur moi, je peux être doublement fière du travail accompli. Que mes livres plaisent ou non, je sais tout ce qui se cache au fil des mots et des pages, toute l’énergie qu’il aura fallu pour qu’ils soient là, qu’ils existent, dans leurs beaux costumes de papier et d’encre…
Rappelez-vous de cela, ne serait-ce qu’un instant, lorsque vous préfèrerez passer la publication d’un artiste plutôt que la partager pour essayer de lui offrir un tout petit peu de public : on n’a pas tous la chance d’être connu, reconnu, mais notre travail a autant de valeur.

Et sinon, mon dixième roman est sorti : il s’intitule After The Snow et il est disponible sur Amazon et Google Books !

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