Légitime

Tout change, toujours, d’une minute à l’autre, d’une année à l’autre. Tout change et nous devons nous adapter à chaque instant à ces changements, même si la plupart du temps, nous n’en avons pas conscience. C’est une lutte perpétuelle, une reconstruction permanente, qui nous use autant qu’elle nous permet d’avancer.
Seulement, dans cette vie en constante évolution, comment savoir que nous sommes à notre place, que nous faisons ce que nous avons envie de faire ? Comment être certain que nous sommes sur le bon chemin, quand nous voyons à quel point tout va trop vite, tout se lasse, tout apparaît et disparaît avant de recommencer ? Quand cessons-nous de nous interroger, de nous remettre en question ?
Jamais, peut-être. Et peut-être est-ce justement ce qui nous permet de ne pas nous perdre dans le tourbillon incessant de la vie.
Chacun a sa propre histoire, son passé, son vécu, son expérience, sa personnalité aussi. Nous n’agissons et ne réagissons pas de la même façon, tout comme nous pensons et vivons différemment. Nous avons tous nos aptitudes, nos failles, nos qualités et nos défauts ; toutes ces heureuses dissemblances qui font de nous des êtres imparfaits mais uniques.
Ces différences entre les personnes ne nous rendent pas plus ou moins compétents, elles font simplement de nous qui nous sommes, au plus profond de nous. Nous faisons tous de notre mieux, avec ce qui nous a été donné, jusqu’à trouver un équilibre dans lequel nous pouvons dire que nous nous sentons bien.
Cela n’a rien de facile, cependant. Parce que nous n’avons pas tous les mêmes chances, pas tous les mêmes forces, pas tous les mêmes opportunités pour y arriver. Nous évoluons tous dans des environnements différents qui ont leurs propres avantages et leurs propres inconvénients. Nous avons chacun nos doutes, nos peurs et nos démons qui cheminent près de nous et contre lesquels nous devons nous battre sans cesse, pour ne pas les laisser gagner.
Nous devons tous faire des choix, prendre des décisions, en sachant très bien qu’ils affecteront le cours des choses et que nous ne pourrons pas savoir ce qui serait arrivé si nous avions choisi ou décidé autrement. Nous devons accepter, à chaque seconde, que le moindre petit élément peut nous rapprocher ou nous éloigner de ce que nous désirions, mais que nous ne pouvons pas le savoir à l’avance.
Ainsi, je commence à comprendre que ce dont je rêvais il y a quelques années est peut-être désormais hors de portée, parce que j’ai fait des choix, j’ai pris des décisions, qui m’ont conduite à la vie que je mène aujourd’hui. Le fait qu’elle soit différente de ce que j’imaginais avant la rend-elle moins belle ? Sans doute pas. Mais concilier les rêves et la réalité n’est pas une chose aisée, ça prend du temps, c’est douloureux et magnifique ; unique aussi, en son sens.
J’aurais voulu être publiée par de grands éditeurs, être une auteur connue, reconnue… À l’heure qu’il est, je ne le suis pas, pas vraiment. Et même si ça ne signifie pas que je ne le serai jamais, je ne peux pas non plus me bercer d’illusions et m’accrocher désespérément à un souhait de plus en plus irréaliste, au risque de passer à côté d’autres choses qui sont tout aussi précieuses.
Je ne suis pas publiée dans une grande maison d’édition, je ne suis pas connue ni reconnue, mais il n’en reste pas moins que l’écriture fait partie de moi. Plus qu’une passion, elle est mon souffle, mon oxygène, ce qui me permet de me sentir, au moins temporairement, épanouie et réalisée.


J’aime les mots pour leurs sens, leurs sons, pour la façon dont on peut jouer avec eux à l’infini. J’aime inventer des histoires et arriver au point où je m’y perds, parce que ce n’est plus moi qui écris celle de mes personnages mais eux qui l’écrivent à travers moi. J’aime passer des heures à composer des poèmes, à me battre avec les mots pour qu’ils s’accordent ou bien à les laisser rimer tous seuls quand l’inspiration s’empare de moi et m’entraîne dans un autre niveau de la conscience. J’aime sentir mon stylo-plume entre mes doigts, voir les taches d’encre sur ma peau, caresser les pages blanches puis recouvertes de lettres et de ratures, entendre la chanson ténue de la plume sur le papier… J’aime la douleur dans mes mains, dans ma nuque, dans mon dos, après une longue séance d’écriture, parce que je sais, à ce moment-là, que j’étais à ma place, que je faisais exactement ce que j’avais envie de faire.
Alors, non, mes livres ne se retrouvent pas dans les rayons des librairies, tout comme mon nom est aussi inconnu que des milliers d’autres… Mais malgré ça, je me sens légitime de dire que je suis écrivain. Parce que c’est ce que je fais de mieux, ce qui m’anime, me pousse, me fait vibrer et grandir.
Je me dis souvent que je n’ai pas réalisé mon rêve, que je n’ai pas réussi… Mais mon rêve est là, dans toutes ces pages, tous ces poèmes, toutes ces histoires. Et ma réussite n’est peut-être pas celle que j’attendais, celle que les autres attendaient selon les standards de la société, mais elle réside dans chaque projet abouti, dans chaque étape franchie et terminée, dans chaque point final.
Je n’ai pas écrit de best-seller mais j’ai été lue, j’ai touché des gens, je leur ai permis pendant quelques heures de s’évader, de vibrer, d’évoluer… Peut-être que mes mots, mes espoirs, mes tourments, ont trouvé écho chez d’autres personnes et leur ont donné l’envie ou le courage de faire ce qui leur tenait à cœur, leur ont montré la voie pour s’épanouir à leur tour…
Ça peut paraître infime mais ça ne l’est pas. C’est un partage, une connexion, un lien qui s’est établi entre eux et moi sans que nous le sachions vraiment : autant de choses qui font que la vie est si surprenante et précieuse.
Écrire n’est pas un acte facile, c’est quelque chose qu’on doit aller chercher très loin à l’intérieur avant d’en faire autre chose de beau, de grand. C’est un travail à part entière, parfois frustrant, parfois épuisant, mais toujours passionnant.
Je n’ai pas réellement choisi l’écriture : elle s’est imposée à moi comme un besoin, et j’ai suivi cette évidence parce qu’il me semblait qu’elle était la seule à avoir du sens. J’ai choisi, par contre, de me lancer sur ce chemin dans l’espoir de réaliser mon rêve… Et aujourd’hui, bien que ce rêve n’ait pas été atteint comme je l’imaginais, il a quand même pris vie, à sa petite échelle, dans mon existence et dans celles de personnes qui ont lu mes livres.
Je pense que je dois apprendre à en être fière, parce que c’est énormément de travail mais que je n’abandonne pas, je vais au bout des choses à chaque fois. Je dois apprendre à accepter que ce que j’ai accompli, même si ça ne correspond pas tout à fait à ce dont je rêvais, est tout de même une réussite.
Ne pas être une auteur reconnue ne signifie pas que ce que j’écris n’a pas de valeur, ni que j’ai échoué. Cela veut simplement dire que mon parcours est différent et que mes victoires ont une autre portée.
Je suis certaine d’une chose, cependant, au milieu de tout cela : jamais je ne me sens plus légitime, épanouie et ancrée que lorsque j’écris. Et même si tout change, d’une minute à l’autre, d’une année à l’autre, et que je dois m’adapter encore et encore, je sais que cette vérité, que l’écriture, demeurera toujours en moi, immuable.
Elle m’accompagnera, vers d’autres joies et d’autres peines, vers toutes les étapes de ma vie.
Elle sera là, et qui sait ce qu’elle accomplira à travers moi…

© OPHÉLIE PEMMARTY – TOUS DROITS RÉSERVÉS

Bonheur

Les gens courent désespérément après le bonheur, sans comprendre que ce n’est pas quelque chose de durable ni de sûr. Il ne s’acquiert pas, ne dure jamais ; ceux qui attendent d’être heureux et se lamentent de ne pas l’être n’ont rien compris.
Le bonheur ne se mesure pas en semaines ni en mois, encore moins en années.
Le bonheur se compte en secondes, en heures quelques fois.
Il n’est que dans l’instant : dans un éclat de rire, un rayon de soleil… Dans une tasse de thé, une chanson… Dans un baiser, dans une promesse… Dans le temps qu’on passe auprès de ceux qu’on aime ou à donner vie à nos passions.
Tous ces moments éphémères qui réjouissent notre cœur sont le bonheur, et c’est en faisant la somme de ces instants qu’on se rend compte qu’on est heureux.
Ce n’est pas éternel ni constant, mais c’est authentique, intense et précieux.
À quoi bon attendre, à quoi bon se lamenter… L’essentiel est là, avec nous, tous les jours, malgré les épreuves et les difficultés de la vie.
Et ce n’est que lorsqu’on l’a compris qu’on peut vivre de la façon la plus heureuse qui soit.

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© OPHÉLIE PEMMARTY – TOUS DROITS RÉSERVÉS

Missing you

Parfois les gens disparaissent.
Ils étaient présents, à portée du regard et du cœur, et la seconde d’après ils ne sont plus là.
Ils sont toujours vivants pourtant.
Mais ils parlent, sourient et se confient à d’autres personnes ; ils existent quelque part dans le monde, quelque part qui ne fait plus partie de notre vie. Et c’est tellement difficile à accepter…
Alors on pleure, on souffre, on est en colère, puis on essaie de se réconforter en repensant aux moments qu’on a vécus avec ces personnes…
Parce que quoi qu’il arrive, il nous reste toujours les souvenirs. Rien ne peut les effacer, pas quand ces personnes ont tellement compté, même si la vie nous a séparés…
Aimer c’est ne jamais oublier.

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© OPHÉLIE PEMMARTY – TOUS DROITS RÉSERVÉS

Solitude

La solitude fait peur aux gens, la plupart du temps. Alors c’est difficile de leur faire comprendre que certaines personnes l’apprécient.
J’aime la solitude. J’ai besoin de solitude. Pas tout le temps, certes. Parfois j’ai envie de voir des gens que j’apprécie, passer des moments avec eux et me sentir en harmonie avec les autres. Mais la solitude ne m’effraie pas.
J’aime être seule, parce que c’est plus facile.
Je ne veux pas jouer la mégalomane en prétendant que ma compagnie me suffit – c’est loin d’être le cas, surtout quand j’aimerais être n’importe qui d’autre que moi-même. Je ne veux pas non plus être une martyr en prétendant soulager les autres de ma compagnie lorsque je préfère être seule. Ce n’est rien de tout ça.
Je suis bien dans la solitude parce que j’ai le temps de penser, de rêver, de m’évader, de créer. J’ai le loisir de sentir le temps qui passe, d’en comprendre la valeur ; quand je suis seule il me semble arriver à un niveau plus élevé de l’existence.
Et puis, dans ces moments-là, tout est beaucoup plus simple. Je n’ai pas à me soucier du regard ni de l’opinion d’autres personnes, je n’ai pas à m’inquiéter de leurs attentes envers moi ni des miennes envers eux. Je n’ai pas à me dire qu’il faut que je sourie, que je parle, que je participe, sinon ces autres-là ne m’accepteront pas de la même manière.
Alors oui, les choses sont bien plus évidentes dans la solitude. Elle me permet d’être totalement moi-même. D’être libre.
Et je crois qu’on a tous besoin de ces petits moments de liberté pour apprécier l’existence et la traverser en ayant été au bout des choses, sans rien regretter.

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© Ophélie Pemmarty – Tous droits réservés