J’adore l’été. J’ai toujours adoré l’été. Et pourtant, plus le temps passe et plus je le déteste aussi. Parce que maintenant, il me rappelle combien tout est éphémère, il me rappelle à quel point les choses semblaient mieux avant. Quand j’étais enfant, quand j’étais loin d’avoir moi aussi un enfant à m’occuper.
Je me souviens de ce bonheur intense qui arrivait avec la fin de l’école, la joie de savoir que j’avais deux mois de liberté devant moi. Les longues journées baignées de soleil, interminables parfois, où je m’ennuyais certainement mais ce n’est pas le souvenir qui me reste.
La chaleur, la lumière éclatante, des saveurs sucrées, la peau chaude, le cœur léger. La fraîcheur du matin, la pénombre des après-midi à l’intérieur quand il faisait trop chaud, la quiétude des soirées.
Le chant des grillons, quand on dormait toutes les fenêtres ouvertes pour profiter de l’air frais, c’est ça, le meilleur souvenir des vacances, de l’été. Surtout après les journées à la mer, quand on se battait pour passer sous la douche en premier, pour se débarrasser du sable et du sel, de l’odeur de soleil enroulée dans nos cheveux, et qu’on se couchait dans les draps propres, si légers.
Ces souvenirs me brisent le cœur aujourd’hui. Parce que je sais que j’aurais beau tout refaire de la même façon, je ne pourrai jamais plus ressentir ce que je ressentais autrefois. Parce qu’il y a trop de choses désormais, la vie d’adulte, les responsabilités, tout ce qui pèse parfois mais qu’on porte comme on peut parce qu’on n’a pas le choix.
Je voudrais revenir en arrière. Rester à jamais dans cette enfance qui passe si vite qu’on la regrette toute sa vie. Me dire que je serai forte, que j’y arriverai, que je m’en sortirai.
Parce que ça ne va pas si mal, au fond.
Parce que je suis heureuse même si ce bonheur est parfois bancal.
Parce qu’il y a quelqu’un d’autre après moi, qui je l’espère vivra toutes ces choses, quitte à en souffrir un peu.
Alors je lui apprends la joie de la liberté, les journées au soleil, le chant des grillons, les draps légers… et si ces souvenir lui brisent aussi le cœur un jour, alors je saurai que je l’aurai rendue heureuse.
Parce qu’on est heureux même quand on pleure pour les meilleures choses.
Parce que ce sont les meilleures choses qui nous font le plus mal puisqu’elles se terminent un jour. Mais il y en a d’autres, à chaque âge, à chaque vie. Il y en a d’autres pour nous remplir le cœur à l’infini.